Œcuménistes experts et public passionné se sont retrouvés, lors du colloque annuel de l’Institut supérieur des études œcuméniques (ISEO), qui a eu lieu par Zoom du 22 au 24 février 2021.
Organisé par l’IPT – Faculté de Paris, en lien avec l’Institut Catholique de Paris et l’Institut Orthodoxe Saint-Serge, Nicolas Cochand (Maître de conférence et titulaire de la chaire de théologie pratique de la faculté de Paris) revient pour nous sur ce rassemblement.

Responsabilités chrétiennes dans la crise écologique. Tel était le titre du colloque de l’ISEO (Institut supérieur d’études œcuméniques, dont l’IPT est partenaire fondateur), qui portait, cette année, sur les questions climatiques et les enjeux théologiques, ecclésiaux et spirituels qu’elles soulèvent.

Plusieurs intervenant.e.s, de divers horizons théologiques et ecclésiaux, ont d’abord discuté de manière critique la thèse selon laquelle le christianisme porterait une part de responsabilité dans la crise actuelle : l’idée que la planète serait disponible à la domination des humains découlerait, selon certains, à la fois de la théologie biblique de la création et du désenchantement du monde auquel le christianisme occidental moderne aurait largement contribué. Les intervenant.e.s ont souligné que l’émerveillement devant le monde créé et le respect de toute créature étaient également un trait constant dans l’histoire de la théologie et dans le développement contemporain d’une écospiritualité.

Dans la richesse des présentations, signalons quelques points forts : Neal Blough, professeur à la Faculté de théologie évangélique (Vaux s. Seine) a dressé un tableau édifiant du rôle prépondérant du protestantisme évangélique et du fondamentalisme américain dans le climatoscepticisme encore vivace outre-Atlantique.

L’ intervention remarquée de Valérie Nicolet (IPT) a décrit les liens entre la perspective écologique et l’approche féministe de la théologie. La prise en compte des défis climatiques ne saurait se faire sans intégrer une telle approche critique. D’autres intervenantes ont également souligné que les questions climatiques étaient fondamentalement liées à des enjeux de justice, les personnes et les populations les plus vulnérables étant également les plus touchées.

Christophe Monnot (Strasbourg et Lausanne) a souligné, de manière critique, le « plafond de verre » que rencontre la question écologique dans sa traduction en une politique ecclésiale. Si des personnes et des groupes locaux mènent une action exemplaire (voir notamment le développement spectaculaire des initiatives Église verte), l’institution ecclésiale, en revanche, semble en retrait, restant marquée par une forte inertie résistant à tout programme d’action clair et contraignant.

Organisé en commun avec l’Institut supérieur de pastorale catéchétique (Institut catholique de Paris), le colloque a regroupé – virtuellement – un large public (plus de six cents participant.e.s). Une des innovations fut de s’appuyer sur des réseaux locaux ou régionaux : les équipes catéchétiques, les pôles œcuméniques régionaux et le réseau Église verte. Le programme du colloque laissait une large place aux échanges en groupes, dont certains ont pu malgré tout se réunir de manière décentralisée (dont un dans les locaux et le jardin de la Faculté de Paris).

Nicolas Cochand

 

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