Le monde de la missiologie francophone est en deuil. Nous avons appris le décès du P. René Luneau, grand Africaniste, ancien chercheur et enseignant à l’Institut Catholique de Paris. C’était un membre actif et apprécié de l’Association oecuménique francophone de missiologie (AFOM) et du Centre de recherches et d’étude sur la diffusion et l’inculturation du christianisme (CREDIC).

René Luneau, à gauche, en compagnie du P. Joseph de Benoist et de Paul Coulon au Musée du Désert à Mialet en 2010

Mme Annie Lenoble-Bart, membre du CA du CREDIC écrit :

« Notre ami René Luneau, né en 1932 à Nantes, s’en est allé. Depuis quelques années déjà, il n’animait plus les discussions du CRÉDIC puisqu’il avait dû se réfugier en EHPAD, quittant son couvent dominicain Saint Jacques où il avait accumulé ses richesses sur l’Afrique. Lors des colloques ou de nos réunions du CA à Paris, il apportait son expertise, son regard passionné mais également son esprit de contradiction !

Après quelques années en Afrique, cet ethno-sociologue est devenu chercheur au CNRS, dans le cadre du groupe de sociologie des religions, tout en enseignant à l’Institut catholique de Paris. Au Sénégal, il avait lancé une revue avec des linguistes et des ethnologues pour étudier les problèmes de traduction. Il l’a ensuite continuée, seul, jusqu’en 2015. Plus de cent numéros, en 45 ans, d’Afrique et parole ont été envoyés à ses lecteurs dispersés de par le monde. Il y faisait une revue des publications qui pouvaient intéresser ses interlocuteurs tout en (r)ouvrant des controverses qui lui étaient chères, privilégiant les approches de terrain.

Il a écrit de très nombreux ouvrages, en collaboration (par exemple avec Louis-Vincent Thomas Les religions d’Afrique noire ou La terre africaine et ses religions) ou seul, surtout chez Karthala où il était directeur de la collection « Chrétiens en liberté/Questions disputées ». On peut citer, pêle-mêle, Chants de femmes au Mali, Paroles et silence du synode africain, Laisse aller mon peuple, etc.. Il se passionnait aussi pour les paraboles qui l’ont beaucoup inspiré. Plus globalement, il s’interrogeait sur l’avenir du catholicisme puisque Tous les chemins ne mènent plus à Rome et d’une façon plus générale sur le christianisme : Jésus, l’homme qui évangélisa Dieu ou Dieu, au plus près de l’homme en sont quelques témoins. Mais son souci majeur est resté, jusqu’au bout, de Comprendre l’Afrique…

Pour le CRÉDIC, comme pour ses amis, il laisse un grand vide. Nous lui rendrons hommage dès que possible. »