Les Églises fondatrices de l’Institut protestant de théologie sont l’Eglise réformée de France et l’Eglise évangélique luthérienne de France. Elles se sont réunies en 2013 pour former l’Eglise protestante unie de France

L’Église réformée de France (E.R.F.)

L’E.R.F. est l’Union Nationale des Associations Cultuelles des Églises réformées locales. Elle a été constituée en 1938, sous sa forme actuelle, ses communautés sont implantées dans toute la France sauf en Alsace et Moselle où c’est l’Église réformée d’Alsace et de Lorraine qui unit les communautés réformées (églises qui se trouvent dans des départements où subsiste le régime du concordat). Elle compte plus de 350 000 membres dont 430 ministres (pasteurs, enseignants, etc.) à son service ou au travail dans des organismes reconnus par l’E.R.F. Des cultes ou réunions, dans le cadre de l’E.R.F., ont lieu dans quelque 1 000 localités.
C’est à partir de 1555 en France que les communautés de chrétiens qui voulaient une « église réformée selon l’Évangile » se structurèrent en Églises réformées locales. Très rapidement, elles ressentirent le besoin de se fédérer et en 1559 un premier Synode national des Églises réformées de France était rassemblé clandestinement à Paris. Une confession de foi (écrite à partir d’un texte de Calvin remanié par le synode) qui deviendra la Confession de foi de La Rochelle, et une Discipline furent élaborées et adoptées par ce synode.
Le souci des réformateurs du XVle siècle était « de permettre que les chrétiens retrouvent le nerf et la vérité du message évangélique, prisonnier, à leurs yeux, d’une Église infidèle et dénaturée par des interprétations trop humaines » (C. Marquet). Au départ il n’a pas été de fonder une nouvelle Église mais avant tout d’amener toute l’Église chrétienne à se « réformer », à se transformer radicalement au nom de la fidélité à l’Évangile. Cette transformation est toujours à poursuivre. L’Église ne peut être réformée une fois pour toutes. Pour être vraiment « réformée », elle doit être toujours à nouveau à réformer.
Le XVle siècle fut une période de grand développement de persécutions et de luttes violentes pour les Églises réformées de France. Cette période riche et souvent tragique (massacre de la Saint-Barthélémy en 1572) s’acheva par l’Édit de Nantes en 1598. Dans ce texte fondamental Henri IV pour la première fois au monde posait le principe de la liberté de conscience et accordait aux protestants certaines libertés.
Malheureusement la politique du roi Louis XIV aboutit à la Révocation de l’Édit de Nantes, en 1685, et à l’interdiction absolue d’être protestant. Les pasteurs furent exilés, la Bible interdite sous toute autre forme que la Vulgate (traduction latine de la Bible), les réunions entre protestants défendues.
Cette situation dura officiellement jusqu’à la proclamation de l’Édit de Tolérance de 1787 par lequel Louis XVI rendit aux protestants leurs droits civils. Cette longue période, dite du Désert, pendant laquelle les huguenots continuèrent à se réunir en secret et l’Église se réorganisa, connut aussi une phase de résistance armée avec la Révolte des Camisards dans les Cévennes (1702-1710).
Le XlXe siècle fut une période de restauration matérielle et spirituelle marquée par des mouvements de « Réveil », la création d’un grand nombre « d’œuvres » et des oppositions théologiques dont certaines ont mené à la constitution de plusieurs unions d’Églises.
En 1905 la loi de Séparation des Églises et de l’État mit fin au régime établi par Napoléon 1er en 1802, celui du Concordat, par lequel le traitement des pasteurs était pris en charge par l’État.
En 1938, l’Église réformée de France fut constituée par la fusion de l’Union des Églises réformées, la majorité des paroisses de l’Union des Églises réformés évangéliques et certaines Églises libres et méthodistes.
Héritière d’une histoire riche et variée, constituée par des unions d’Églises très diverses, l’Église réformée de France est assez diverse selon les lieux où sont implantées les paroisses, cette diversité se retrouvant à l’intérieur même de beaucoup de communautés. Elle vit cette variété non comme une faiblesse, mais comme une vocation.
Tout en appelant chacun de ses membres à confesser personnellement sa foi, elle est, malgré son petit nombre, une « Église de multitude », qui se sent responsable non seulement de ses membres militants, mais aussi de bien d’autres.
Elle ne se considère pas comme seule détentrice de la vérité. Pour elle, la collaboration fraternelle et même le soutien mutuel entre Églises différentes sont très importants et font partie de sa vocation.
Dans la vie de ses communautés, l’Église réformée veut donner une place et une voix à chacun. Elle essaie de différencier le moins possible les clercs (pasteurs) des autres chrétiens (laïcs). Elle confie les mêmes charges, y compris pastorales, aux femmes et aux hommes. L’ERF et l’EELF se sont réunies en 2013 pour former l’Eglise protestante unie de France. Site internet de l’EPUdF.

L’Église évangélique luthérienne de France (E.E.L.F.)

Les thèses de Martin Luther, affichées en 1517, se propagèrent rapidement en France, comme en témoigne le cénacle des « luthériens » de Meaux, constitué dès 1521. En peu de temps, la ville de Strasbourg, une partie de l’Alsace et le Pays de Montbéliard furent gagnés aux idées du Réformateur, avec des nuances génératrices de longues discussions.
Le Pays de Montbéliard, qui appartenait au prince de Wurtemberg, devint luthérien du fait du prince et fut terre d’accueil dès le début des guerres de religion – ce qui ne devait pas empêcher des persécutions dans les parties les plus éloignées de Montbéliard même. Le luthéranisme était plus tourné vers la Suisse et l’Allemagne que vers la France.
À Paris, le premier culte luthérien eut lieu en 1626 à la chapelle de l’ambassade de Suède et, durant 200 ans, il resta limité au cadre des ambassades de Suède et du Danemark, en particulier pour des immigrants des pays germaniques. En 1802, Napoléon autorisa le culte protestant par les Articles organiques et en 1808 la création d’une Église consistoriale de la Confession d’Augsbourg, dont le siège était à Strasbourg.
L’Église luthérienne se développa à Paris et en banlieue, en même temps que l’immigration vers la capitale de populations venant d’Alsace et d’Allemagne. Une paroisse fut créée à Lyon en 1863 et une à Nice en 1866. La perte de l’Alsace après la guerre franco-allemande de 1870 amena la création de l’Église évangélique luthérienne de France, constituée de deux inspections ecclésiastiques – Paris et Montbéliard – ainsi que, en 1877, d’une faculté de théologie commune avec l’Église réformée à Paris.
Membre fondateur de la Fédération protestante de France avec l’Église réformée de France en 1908, l’Église luthérienne ne retrouva pas après la Première Guerre mondiale sa cohésion avec l’Église d’Alsace (Église de la Confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine), demeurée sous un régime concordataire. Le luthéranisme français est uni dans l’Alliance Nationale des Églises luthériennes de France (ANELF).
Dans la seconde partie du XXe siècle, les luthériens de la Région parisienne jusque-là principalement originaires d’Alsace et de Montbéliard, ont vu arriver des personnes issues de minorités luthériennes d’Europe – brassage qui enrichit les paroisses – et de plus en plus de chrétiens et de « sans religion » attirés par la voie moyenne d’un protestantisme fidèle à l’esprit de la Réforme et qui garde ses distances avec l’ultra-libéralisme comme avec les excès émotionnels de certaines tendances évangéliques.
Montbéliard, uniquement luthérien jusqu’en 1793 du fait de son appartenance au Wurtemberg, a connu un phénomène d’immigration très important dû à l’essor industriel de la région. D’où une minoration de la population luthérienne à côté d’une population catholique devenue majoritaire ainsi que d’autres confessions et religions. Fermement attachée à la devise de la ville « En Dieu mon appuy », l’Église luthérienne de Montbéliard garde sa tradition sociale et son ouverture vers ses voisins.
L’Église luthérienne de France comprend 35 000 membres, dont 5 000 dans l’inspection de Paris, incluant Lyon et Nice.
Elle est fortement engagée dans l’action missionnaire et dans la voie de l’œcuménisme. L’ERF et l’EELF se sont réunies en 2013 pour former l’Eglise protestante unie de France. Site internet de l’EPUdF.